Dans le super-cerveau des bébés !

Publié le par Milan Presse

« Y en a là-dedans ! », le podcast scientifique produit par Milan presse sur le cerveau des bébés, vous invite à rencontrer Nawal Abboub. Elle est docteure en neurosciences cognitives à l’université Sorbonne-Paris-Cité, et, pour ce tout premier épisode, elle va nous parler de sa spécialité : le cerveau des bébés. Et si vous croyez que les tout-petits sont incapables de penser, que leur cerveau est aussi vide qu’une plage un jour de pluie… préparez-vous à être surpris !

Pouvez-vous nous dire, pour commencer, de quoi est composé le cerveau ?

Nawal Abboub : Notre cerveau est composé de deux hémisphères, un droit et un gauche. Et ces deux hémisphères sont reliés par un pont, que l’on appelle aussi « corps calleux ». Et, à la base de notre cerveau, on trouve le cervelet. Dans notre cerveau, il y a aussi des milliards de cellules nerveuses, dont les neurones, qui servent à la transmission et au traitement des informations. Ces neurones ont une forme d’étoile. Au bout de ces étoiles, il y a des filaments qui vont permettre la transmission de ces informations.

Ces filaments vont donc constituer un réseau câblé très sophistiqué, un peu comme les autoroutes sur une carte de France. Autour de nos neurones, nous avons une gaine de graisse, appelée myéline, qui va entourer ces câbles, ces fibres, pour protéger l’information qu’elles transportent.

À quel âge ce cerveau si complexe se forme-t-il ?

N. A. : En fait, le cerveau se forme dès le moment où une cellule naît. Et dès les premières semaines de grossesse, l’organisme va s’auto-organiser sur une base génétique. De même que les cinq doigts de notre main vont se former, l’architecture fondamentale et très sophistiquée du cerveau se met en place.

Et ensuite ?

N. A. : Dans les mois suivants, le cerveau se subdivise en plusieurs régions très spécialisées. Vers 28 semaines de grossesse, il commence déjà à se plisser et on voit apparaître les principaux sillons qui caractérisent si bien le cerveau humain. Dans le troisième trimestre de grossesse, les neurones commencent à se placer aux bons endroits et à former un réseau très sophistiqué de connexions nerveuses qui sont propres à l’espèce humaine.

Le cerveau du bébé est-il alors déjà fonctionnel ?

N. A. : C’est une idée reçue de croire qu’à la naissance, le cerveau est une page blanche sur laquelle l’environnement viendrait s’imprimer.

N.A : On a trop souvent associé l’immaturité motrice, langagière, émotionnelle, des bébés à un cerveau peu fonctionnel. Or, les dernières recherches scientifiques montrent l’inverse.

C’est-à-dire ?

N. A. : On s’est rendu compte que, dès la naissance, le cerveau des bébés est déjà bien organisé : pratiquement tous les circuits du cerveau adulte sont présents. Les bébés perçoivent le monde de manière beaucoup plus efficace qu’on ne le pense. Ils comprennent déjà les règles de notre monde. En d’autres termes, nos bébés sont bien programmés pour apprendre des compétences de très haut niveau.

Pourtant, le cerveau d’un bébé semble moins rapide que celui d’un adulte, non ?

N. A. : Tout dépend de ce qu’on entend par rapide ! Mais c’est vrai que, quand on regarde de plus près le cerveau des bébés, notamment au niveau des réseaux de neurones, on se rend compte qu’il n’est pas encore très bien myélinisé.

Que signifie être bien myélinisé ?

N. A. : La myéline est la gaine de graisse qui entoure les neurones et leurs connexions, et qui permet un transport rapide de l’information. Chez le bébé, cette gaine n’est pas encore disposée partout, donc l’information est transportée à une vitesse un peu moins rapide. D’ailleurs, on voit que les très jeunes enfants mettent trois à quatre fois plus de temps pour prendre conscience d’une information, comme la présence d’un visage par exemple.

Le cerveau de bébé serait donc plein de petites routes départementales, prêtes à être transformées en autoroutes ?

N.A. : Oui ! Ces départementales vont devenir des autoroutes à une voie, deux voies, trois voies, au fur et à mesure que l’enfant va grandir. Mais cela nous montre aussi que le cerveau des bébés est bien plus malléable que le cerveau des adultes, puisque ces petites départementales sont plus flexibles… alors que les autoroutes à quatre voies sont hyperspécialisées. C’est aussi ce qui explique l’incroyable facilité qu’ont les bébés à apprendre deux, trois, voire quatre langues !

Quel est alors le rôle des parents ?

N. A. : Pour aider un enfant à « perfectionner » son cerveau, je dirais qu’il faut avant tout lui parler, l’accompagner dans la découverte du monde, et surtout ne jamais sous-estimer ses compétences. L’intelligence des bébés est bien plus puissante que toutes les intelligences artificielles actuelles. Observez-les avec finesse, et vous verrez qu’ils sont capables de faire des choses incroyables…

Propos recueillis par Elise Rengot.

Sources :

Syllabic discrimination in premature human infants. Mahdi Mahmoudzadeh, Ghislaine Dehaene-Lambertz, Marc Fournier, Guy Kongolo, Sabrina Goudjil, Jessica Dubois, Reinhard Grebe, Fabrice Wallois

Liens externes : https://blog.risinguparis.com/cerveau-bebes-intelligent/

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