Dodo, l’enfant do
Le sommeil des enfants préoccupe tous les jeunes parents. Pourquoi bébé pleure-t-il la nuit ? Comment faciliter la mise au lit ? De combien d’heures de sommeil a-t-il besoin ? Florence Pinon, formatrice et spécialiste du sommeil des tout-petits, répond à nos questions.
Comment s’organise le sommeil d’un tout-petit ?
F. P. : Pendant les deux premiers mois de la vie d’un nouveau-né, ses cycles de sommeil sont composés de deux stades : le sommeil calme et le sommeil agité. Bébé dort alors environ 16 heures par jour, par périodes de 3 à 4 heures, interrompues par des microréveils à chaque changement de cycle, soit environ toutes les 50 minutes. Lors de ces microréveils, le tout-petit peut tout autant retrouver son sommeil, ou avoir besoin d’être nourri ou d’être câliné. On qualifie ce rythme d’« ultradien », c’est-à-dire que bébé se réveille plusieurs fois, sans faire la distinction entre le jour et la nuit. Il faut attendre ses 3 mois pour que son horloge interne, autrement appelée « rythme circadien », fonctionne. Mais vous pouvez aider votre enfant à acquérir ce rythme plus rapidement, en laissant filtrer un peu de lumière naturelle pendant ses siestes diurnes, et en fermant bien, au contraire, les volets la nuit. En grandissant, les périodes d’éveil et de sommeil sont plus prévisibles : bébé fait trois siestes de 2 à 3 heures, le matin, puis l’après-midi et en fin de journée. La nuit, il commence à dormir sur de plus longues durées, avec des cycles de sommeil de 70 minutes, composés de trois stades : le sommeil lent et léger, un autre lent et profond, et, enfin, le sommeil paradoxal, comme chez l’adulte.
Pourquoi certains bébés ont-ils un sommeil plus perturbé que d’autres ?
F. P. : Les difficultés à s’endormir ou à faire des nuits complètes dépendent surtout du tempérament et de la sensibilité de l’amygdale cérébrale de l’enfant. Cette amygdale fonctionne comme un système d’alerte et, lorsqu’elle est très réactive chez bébé, il y a fort à parier qu’il interprètera le moindre événement comme un potentiel danger, et que les nuits seront plus courtes et agitées. Si, par exemple, votre enfant s’endort à vos côtés et qu’il ne vous retrouve pas lors de ses microréveils, il n’identifiera pas l’environnement dans lequel il s’est endormi et son amygdale cérébrale réactive va alors lui soumettre que ce n’est pas normal et qu’il faut se réveiller. Faire ses nuits et s’endormir paisiblement relève donc de l’inné et non de l’acquis : il y aura toujours des petits et des grands dormeurs ! Néanmoins, pour tous les enfants, le sommeil est une forme de séparation qui n’est pas rassurante. Pour faciliter ce moment, il est important qu’avant chaque endormissement vous mettiez en place une routine. Si bébé a environ 5 mois, vous pouvez aussi compter sur le doudou, cet objet transitionnel qui apaise votre tout-petit au moment du coucher et l’aide à supporter votre absence.
En quoi les rituels sont-ils utiles et comment s’y prendre ?
F. P. : La régularité est la meilleure amie de bébé, c’est pourquoi avoir un rituel facilite la mise au lit. C’est un marqueur de temps qui indique à l’enfant qu’il est l’heure de dormir et c’est un moment qui vous permet de remplir son réservoir de sécurité émotionnelle pour qu’il puisse affronter la nuit seul. Environ 15 minutes avant l’endormissement, vous pouvez raconter à bébé votre journée, chanter des comptines, lire des livres… Peu importe le fond, tant que votre enfant entend le son de votre voix. Le contact physique est aussi essentiel à ce rituel : câlins, bisous, massages… C’est à vous de décider ! Ce moment doit être agréable pour tout le monde et vous devez aussi y trouver votre compte. C’est pourquoi il ne faut pas se forcer à exécuter le même rituel que votre conjoint par souci de cohérence : il vaut mieux que vous ayez chacun un rituel différent qui vous convienne. Mais, dans tous les cas, il est important que vous couchiez bébé à heure fixe, dans la mesure du possible. Bien sûr, vous pouvez adapter l’heure en fonction du temps d’éveil de l’enfant entre deux périodes de sommeil. Mais les études préconisent de ne pas dépasser 21 heures après 3 mois.
Les questions des parents
« J’aimerais tenter l’expérience du cododo avec Léna, est-ce déconseillé ? »
Célia, maman de Léna, 4 mois.
F. P. : Le cododo est recommandé par l’OMS jusqu’aux 6 mois de bébé. Mais on entend par « cododo » le partage de chambre et non le partage de lit ! Dormir avec un nourrisson dans le lit parental n’est pas sécurisé : entre vous qui bougez, les couvertures et le matelas mou, bébé risque l’étouffement. En revanche, vous pouvez coller le lit de bébé au vôtre, ce qui vous permet de surveiller votre enfant de plus près, de favoriser la mise en place de l’allaitement et de renforcer les liens avec lui.
« Puis-je compter sur les signes de fatigue pour coucher Chloé ? »
Cédric, papa de Chloé, 6 mois.
F. P. : Si vous y parvenez, évidemment ! Mais les signes de fatigue ne sont pas si évidents à repérer. Un bâillement ou un frottement des yeux peut indiquer qu’il est l’heure pour bébé d’aller au lit… En revanche, s’il pleure un peu, qu’il est irritable et qu’il réclame beaucoup les bras, il est déjà trop tard et cela va être compliqué de le coucher à ce moment-là. Pour savoir quand mettre bébé au lit, il vaut mieux se fier au temps de sommeil dont il aura bénéficié dans la journée, c’est-à-dire au temps d’éveil depuis sa dernière sieste.
Le conseil du professionnel
Pour offrir à bébé des conditions de sommeil optimales, la température de la chambre de bébé doit se situer entre 18 °C et 20 °C. Concernant le matériel, choisissez un lit aux normes européennes (notamment pour les tailles des espaces entre les barreaux) avec un matelas ferme. Enfin, afin de réduire le risque de mort inattendue du nourrisson, couchez bébé sur le dos dans une gigoteuse et ne laissez rien d’autre dans le lit, ni couverture, ni couette, ni oreiller.
Article réalisé par Marie Greco