Interview

Petite fille qui mange des aliments illustrés.Photo : © M-image/Adobe Stock. Illustration de Lucile Carcenac.
Publié le par Émilie Belard

La diversification menée par l’enfant : pour qui ? pourquoi ?

La DME, aussi appelée « alimentation autonome », a aujourd’hui le vent en poupe. Mais en quoi consiste-t-elle exactement et convient-elle à tous les enfants ? Olivia Béziat, diététicienne-nutritionniste, spécialisée en pédiatrie, nous en dit plus sur cette autre manière d’appréhender la diversification de bébé.

En quoi consiste la DME ?

O. B. : Avec la DME, bébé est maître de ses repas et se nourrit seul, avec les mains. Si la diversification classique veut que les parents donnent à leur enfant des cuillérées de purée, la DME encourage au contraire les tout-petits à porter eux-mêmes des aliments écrasés ou des morceaux solides (mais fondants) dans leur bouche. En complément du lait maternel ou infantile, les parents proposent donc des bouchées variées et équilibrées à bébé, qui décide l’ordre et la quantité de ce qu’il mange !

La DME, pour qui exactement ?

O. B. : On ne peut envisager la DME que si, et seulement si, l’enfant a les capacités musculaires de se tenir assis à 90 degrés (avec un minimum de soutien). Ce stade de développement est, en principe, atteint vers l’âge de 6 mois pour un nourrisson né à terme et en bonne santé. Mais pour les bébés prématurés ou ayant des troubles de la sphère ORL, des malformations buccales ou des retards de croissance, l’alimentation autonome est déconseillée. Côté parents, la DME demande un lâcher-prise, une certaine confiance en soi et en son enfant, ainsi que de la patience : il faut laisser le temps à bébé de trouver ses marques et avoir conscience que cette méthode est salissante. Les sols de votre maison ne seront sans doute pas épargnés ! La pratique requiert donc un investissement, mais même si vous faites preuve de bonne volonté et que bébé est un candidat idéal à la DME, il se peut que la méthode ne lui convienne tout simplement pas !

Quels sont les bénéfices de la DME ?

O. B. : Grâce à la DME, l’enfant se nourrit seul, ce qui favorise le développement de sa motricité fine et de sa coordination mains/bouche. D’autre part, elle lui permet de s’autoréguler : bébé s’arrête de manger lorsqu’il estime être repu, et prend conscience de la sensation de faim et de satiété. De cette façon, l’enfant respecte son propre rythme et gagne en autonomie. De plus, le contact sensoriel précoce avec les aliments stimule sa curiosité et prévient le risque de néophobie alimentaire, qui apparaît généralement dès 18 mois. Bébé prend donc plaisir à manger, et le repas qui se fait à table et en famille devient un vrai moment de partage et de convivialité !

Y a-t-il des risques ?

O. B. : Officiellement non, si la méthode est réalisée correctement. Beaucoup de parents s’inquiètent de potentielles carences en fer, mais de récentes recherches démontrent qu’il n’y a pas de différence d’apports entre les nourrissons en DME et ceux en diversification traditionnelle. Néanmoins, les parents qui se lancent dans cette pratique doivent être bien renseignés, voire formés, afin de donner à bébé les nutriments dont il a besoin. Il en est de même pour les risques d’étouffement, pour lesquels les règles de base de la DME doivent être respectées : bébé est installé bien droit sur sa chaise haute et mange au calme, sous surveillance, des aliments à la texture et à la taille adaptées, c’est-à-dire toujours bien cuits et assez gros pour tenir dans sa main, voire la dépasser !  

Les questions des parents

« J’ai envie de tenter l’expérience DME à la maison. Mais est-ce un problème si, à la crèche, la diversification se fait de manière classique ? »

Océane, maman de Prune, 9 mois.

O. B. : L’un n’empêche pas l’autre et il n’y a pas de risque à mêler les deux méthodes. Il faut garder à l’esprit qu’un enfant sait faire la différence entre une purée à avaler, du lait à déglutir et un morceau à écraser entre sa langue et son palais. On peut donc envisager une DME chez soi, et laisser bébé manger en crèche des purées à la petite cuillère : c’est ce qu’on appelle la « diversification mixte ».

« J’aimerais essayer la DME avec Alix, mais j’ai peur de devoir passer beaucoup plus de temps aux fourneaux. »

Alexandre, papa de Nathan, 6 mois.

O. B. : La DME invite au partage et à la complicité, puisque l’une des règles est de manger à table avec bébé : très rapidement, les parents sont donc amenés à composer le repas de bébé avec les plats familiaux. Il faut donc aimer cuisiner un minimum et s’attendre à ce que la durée des repas soit un peu plus longue qu’avec la méthode classique, mais il n’est pas nécessaire de préparer de multiples bouchées pour votre tout-petit !

Le conseil du professionnel

Un repas en DME, ça donne quoi ?

O. B. : Les aliments proposés à l’enfant doivent impérativement être mous, presque surcuits, pour permettre à bébé de les écraser facilement dans sa bouche. À 6 mois, il est primordial que les morceaux soient gros, de la taille d’une balle de golf ou d’un stick de colle. De cette façon, ils dépassent du poing de bébé, ce qui facilite la mise en bouche et permet d’éviter les accidents par inhalation. Concrètement, on peut donc former des boulettes de riz ou de pomme de terre écrasée que l’on mêle avec des protéines mixées, et les accompagner de bâtonnets de légumes, de fruits et, bien sûr, de lait ! Et si l’on souhaite faire manger des purées à bébé de façon autonome, il existe des pré-cuillères adaptées à la main de bébé. Facile à attraper, leur surface texturée permet de retenir la nourriture épaisse ou lisse, ce qui est idéal pour commencer une diversification en douceur.

Article réalisé par Marie Greco

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