Interview

Bébé qui joue avec des jouets illustrés.Photo : © Irina Schmidt/Adobe Stock. Illustration de Lucile Carcenac.
Publié le par Émilie Belard

Le jeu : ciment de la relation avec bébé

Si jouer avec bébé participe à son développement cognitif et moteur, ce moment complice est aussi très bénéfique sur le plan affectif. Dès la naissance, le jeu partagé est essentiel et permet de consolider la relation avec un tout-petit. Seul mot d’ordre : se rendre disponible. Entretien avec Fabienne Agnès Levine*, psychopédagogue.

De quoi dépend la ­capacité de jeu de bébé ?

F A.L : Le jeu est avant tout un indicateur de bon développement et de bonne santé. Il faut d’abord que bébé soit propre, rassasié, reposé et suffisamment en confiance et en sécurité avec ses figures d’attachement. Une fois ces conditions ­remplies, le tout-petit est alors disponible pour commencer à jouer, s’ouvrir au monde, s’intéresser à son corps et aux objets qui l’entourent.

Quelles formes peut prendre le jeu avec bébé ?

F A.L : Bébé joue parfois seul (il fait des bulles de salive, regarde ses mains, etc.), mais il a aussi besoin de moments de jeu interactif avec l’adulte, qui impliquent le corps ou font intervenir des objets médiateurs. Entre les jeux chantés, de surprise, de caché-coucou, de tiens-donne (avec un objet intermédiaire qui passe d’une main à l’autre), de désignation, de remplir-vider, ou d’éloignement-rapprochement (avec un jouet à roues qu’on écarte de bébé, par exemple), les possibilités sont nombreuses. À partir de 6 mois, les jeux d’attention conjointe sont aussi intéressants : Maman ou Papa prend un cube, commente sa couleur, sa forme, puis le repose, avant que bébé ne s’en empare et jette un regard vers l’adulte, vérifiant leur intérêt commun. Quel que soit le jeu, le plus important reste d’être attentif à l’enfant et de moduler son comportement en fonction du sien, pour éviter de le surstimuler.

Y a-t-il des moments, des lieux, des postures propices aux jeux ?

F A.L : On peut intégrer du ludique dans tous les gestes du quotidien, mais cela ne remplace pas des temps plus longs dédiés au jeu. On ne joue pas de la même manière après le biberon, au réveil de la sieste ou en revenant d’une promenade : il faut trouver un équilibre entre les instants de calme et ceux plus actifs. Dans tous les cas, pour bien jouer, bébé a besoin d’une certaine aisance corporelle : le transat n’est pas le meilleur espace de jeu. Il est important que bébé soit posé au sol, sur le dos, pieds nus, pour pouvoir se détendre, prendre conscience de son corps et expérimenter différentes postures (s’enrouler, s’étirer, se redresser). La liberté de mouvement que lui permet cette position allongée contribue à son bien-être psychique et participe à une meilleure disponibilité dans la relation avec l’adulte.

Les questions des parents

« Entre les biberons, les couches, les machines, je suis fatiguée et je manque d’idées pour jouer avec Hugo… Comment faire ? »

Julie, maman de Hugo, 9 mois.

F A.L : Le jeu n’est pas évident pour tout le monde, mais il ne s’agit pas de proposer mille activités. L’important est de se donner des rendez-vous de disponibilité, de laisser son smartphone de côté pendant quelques minutes, et de partager un moment avec bébé. Vous verrez que, souvent, vous ne serez pas l’initiateur du jeu : laissez-vous simplement guider par les vocalises, les mimiques et les gestes de bébé.

 
« J’entends souvent dire que le jeu du “caché-coucou” est très important pour le développement de bébé. Pourquoi ? »

Thibault, papa de Zoé, 8 mois.

F A.L : Ce jeu d’apparition/disparition contribue à la sécurité affective de l’enfant. À chaque fois que l’adulte cache son visage et le découvre, le bébé expérimente les effets de l’absence, pour être aussitôt rassuré par la réapparition du visage connu. De manière symbolique, le message qu’adresse ce jeu est intéressant : la figure d’attachement continue d’exister, même quand elle s’éloigne.

Le conseil du professionnel

Quels jouets favoriser durant la première année de bébé ?

Autour de 3 mois, bébé commence à exercer sa motricité globale : vous pouvez lui proposer un mobile, un tapis d’éveil sur lequel vous disposerez des hochets, des anneaux de dentition ou des objets texturés (balles, coussins…). Vous pouvez également accrocher un miroir au mur ou aux barreaux du parc, pour l’inciter à relever la tête. De 3 à 6-9 mois, les arches d’éveil en bois avec de petits objets suspendus sont idéales. Vers 8 mois, quand bébé se déplace et se tient assis, vous pouvez varier les propositions avec des imbucares (boîtes à formes) pour exercer la motricité fine, ou des jouets roulants, cubes, chariot de marche, etc.


Marianne Bertrel est accompagnante parentale et anciennement ludothécaire. Pour en savoir plus rdv sur : https://www.mariannebertrel.com/

Article réalisé par Marie Greco

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